© foto, Librairie Gaïa
Marc-Olivier Padis, Marc-olivier Padis, ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de Lettres Modernes, enseigne la littérature à l'université de Caen. Il est rédacteur en chef de la revue Esprit.
Marc-Olivier Padis, Marc-olivier Padis, ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de Lettres Modernes, enseigne la littérature à l'université de Caen. Il est rédacteur en chef de la revue Esprit.
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Les Etats-Unis ont longtemps servi de repoussoir quand il s'agissait de défendre notre modèle républicain d'intégration. L’échec français et le succès en cours américain, avec l’avènement d’Obama, nous invitent à être moins catégoriques.
L’objectif politique américain est le bon : la promotion de la diversité. Une société doit reconnaître son pluralisme interne. La France, à l’image des Etats-Unis, quoiqu’à moindre échelle, a désormais un visage métissé.
Pour y arriver, les Américains rompent avec l’égalité formelle pour garantir l’effectivité réelle des droits. La France connaît bien cela en matière territoriale, avec les ZEP ou les zones franches urbaines. L’instrument d’action historique américain, c’est la discrimination positive (affirmative action). Elle a débuté, dans les années 70, sur des bases radicales : les quotas ethniques dans les administrations et les universités, c’est-à-dire l’intégration d’un pourcentage donné de minorités raciales. Un intense débat intellectuel a permis de dépasser les quotas. Ainsi, l'argumentaire juridique qui permet aux Etats-Unis de garantir la diversité dans le travail ne repose plus sur des droits déterminés par l’identification raciale (quotas), mais sur un autre raisonnement : l’objectif pour un employeur, à travers sa politique de recrutement, de refléter la société telle qu'elle est. Les difficultés demeurent, certes : résistance des Blancs, tendance à la racialisation de la société. Les résultats, en tous cas, sont là : les minorités ont intégré les élites et une classe moyenne se développe.
L'élection de Barack Obama a attiré l'attention sur une autre stratégie de promotion, dite de "développement communautaire". Comme on le sait, Obama a été travailleur social à Chicago. Il s'agissait d'aider les populations pauvres des quartiers sud à prendre conscience de leurs propres capacités de développement (empowerment). Pour cela, il s'est appuyé sur des organisations civiques constituées (communities) pour défendre les intérêts des habitants et les mobiliser. Cette stratégie consiste donc à miser sur les capacités des habitants, en particulier pour les aider à surmonter les barrières à l'emploi et plus largement à retrouver une dynamique positive de promotion sociale.
Garantir l’effectivité des droits, promouvoir la diversité comme telle, miser sur la capacité d'action collective des populations reléguées : voilà des principes d’action que nous invitent à étudier l’exemple américain, loin des débats désormais dépassés sur les quotas ethniques.
Les Etats-Unis ont longtemps servi de repoussoir quand il s'agissait de défendre notre modèle républicain d'intégration. L’échec français et le succès en cours américain, avec l’avènement d’Obama, nous invitent à être moins catégoriques.
L’objectif politique américain est le bon : la promotion de la diversité. Une société doit reconnaître son pluralisme interne. La France, à l’image des Etats-Unis, quoiqu’à moindre échelle, a désormais un visage métissé.
Pour y arriver, les Américains rompent avec l’égalité formelle pour garantir l’effectivité réelle des droits. La France connaît bien cela en matière territoriale, avec les ZEP ou les zones franches urbaines. L’instrument d’action historique américain, c’est la discrimination positive (affirmative action). Elle a débuté, dans les années 70, sur des bases radicales : les quotas ethniques dans les administrations et les universités, c’est-à-dire l’intégration d’un pourcentage donné de minorités raciales. Un intense débat intellectuel a permis de dépasser les quotas. Ainsi, l'argumentaire juridique qui permet aux Etats-Unis de garantir la diversité dans le travail ne repose plus sur des droits déterminés par l’identification raciale (quotas), mais sur un autre raisonnement : l’objectif pour un employeur, à travers sa politique de recrutement, de refléter la société telle qu'elle est. Les difficultés demeurent, certes : résistance des Blancs, tendance à la racialisation de la société. Les résultats, en tous cas, sont là : les minorités ont intégré les élites et une classe moyenne se développe.
L'élection de Barack Obama a attiré l'attention sur une autre stratégie de promotion, dite de "développement communautaire". Comme on le sait, Obama a été travailleur social à Chicago. Il s'agissait d'aider les populations pauvres des quartiers sud à prendre conscience de leurs propres capacités de développement (empowerment). Pour cela, il s'est appuyé sur des organisations civiques constituées (communities) pour défendre les intérêts des habitants et les mobiliser. Cette stratégie consiste donc à miser sur les capacités des habitants, en particulier pour les aider à surmonter les barrières à l'emploi et plus largement à retrouver une dynamique positive de promotion sociale.
Garantir l’effectivité des droits, promouvoir la diversité comme telle, miser sur la capacité d'action collective des populations reléguées : voilà des principes d’action que nous invitent à étudier l’exemple américain, loin des débats désormais dépassés sur les quotas ethniques.